Un policier condamné pour avoir matraqué Matthias à Besançon lors de l’acte XX

Tout commence le Samedi 30 Mars 2019 (l’acte XX des Gilets Jaunes) avec une vidéo publiée par le média indépendant Media 25 :

On y voit Matthias, 23 ans, prendre un coup de matraque au visage, par derrière, dans une situation qui ne respire pas la légitime défense du policier. Dans les images qui suivent, on voit son arcade ouverte saigner abondamment (il aura 3 jours d’ITT) :

Il est pris en charge par des street médics alors que les policiers ont continué leur chemin sans lui venir en aide. Or, tout le monde ne le sait pas, les policiers ont le devoir de venir en assistance à un blessé lors d’une de leur intervention (oui parce qu’en fait, « officiellemeeeeeeeeeent », ils sont au service de la population, on est dans le même camp comme dirait l’autre).

Matthias va déposer plainte le 2 Avril 2019.

L’objet sera ensuite de déterminer la « dangerosité » potentielle de matthias lors de « l’incident ».
Le préfet va affirmer que « Le manifestant, semble-t-il, ramasse une grenade pour la renvoyer vers les policiers, et c’est pour l’empêcher de ramasser cette grenade et pour faire un passage vers la cible de l’interpellation qu’il y a eu ce geste ».
Or, tout le monde ne le sait pas, un préfet a l’interdiction d’apporter un faux témoignage dans l’exercice de ses fonctions (c’est bien fait la loi quand même, c’est juste con qu’on l’applique pas plus souvent).
Les journalistes de France Bleu diront « Mais un examen attentif de l’intégralité de la vidéo en haute définition montre qu’il n’en est rien. On y voit l’un des policiers perdre dans sa course un objet, qui semble être une grenade lacrymogène, il tombe quasiment entre les jambes du gilet jaune, visiblement surpris par la charge des forces de l’ordre. L’homme ne se baisse pas pour le ramasser, au contraire, il s’en écarte comme s’il craignait que ça n’explose et il se tourne vers le policier pour lui dire de récupérer l’objet ».
Si vous avez visionné la vidéo plus haut, vous avez pu vous faire votre propre avis.
Le policier mis en cause dira: « À mon arrivé sur les lieux, j’ai vu ce jeune homme à proximité de la grenade lacrymogène. Je ne savais pas s’il allait s’en emparer, ni pourquoi elle était par terre. Dans le doute, je suis intervenu pour protéger mon collègue »
Et matthias : « J’ai eu un pas de recul quand j’ai vu la grenade lacrymogène à mes pieds. Je ne savais pas ce que c’était ».

L’avocate de matthias a défendu que « Se servir d’une arme par crainte d’un potentiel danger n’excuse pas son utilisation. Il faut un danger réel et objectif » et a demandé 5000€ de dommages et intérêts et 3000€ pour couvrir les frais de procédure pénale.
Le procureur et l’avocate du policier ont argué que « Il avait une seconde pour agir » et on demandé la relaxe (c’est à dire la mise hors de cause).

Finalement le délibéré a été rendu ce 11 Février et a jugé le policier coupable. Il est condamné à 1 000 € d’amende ave susis (donc 0) et 500 € pour préjudice moral.
Le préfet n’a rien eu pour avoir menti.

Le mot de la fin à sa mère qui dira que « la justice reconnaît enfin que nous ne sommes pas des casseurs ». Ceci peut vous sembler anondin, mais pour tous ceux qui ont été blessés sur ce site, les premiers jours après votre blessures, vous devez affronter le regard accusateurs des autres « s’il a été blessé par la police, c’est que c’est un criminel ». Et sentir qu’on vous voit comme un coupable alors que vous êtes victime, c’est très difficile.

Nous nous réjouissons pour Matthias dont l’issue donne de l’espoir aux autres. Car les fois où un policier est jugé coupable se comptent sur les doigts d’une main (devant plusieurs milliers de blessés).

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