Fernanda

Éborgnée par la police le 30 Juin 2023, lors des émeutes suites à la mort de Nahel.

Avant l’accident, mon métier était préparatrice de commande. Mais au moment de la blessure, je m’étais arrêté de travailler 2 ans auparavant pour m’occuper de mon petit-fils qui a un handicap (autiste ) car il n’avait pas d’école adaptée à lui.

Ce soir là, j’étais chez moi quand vers minuit j’entends des tirs de mortier et des jeunes. Je regarde et m’aperçois qu’ils mettent un peu partout de l’essence pour faire flamber les poubelles, voitures et autres. Or chaque matin, une semaine sur deux, je dois amener mon petit-fils à l’école matin, midi et à 16h. Je me dis qu ils ont peut être mis le feu a ma voiture. J’attends que les jeunes partent de là où j’habite et descends 40 min après. Je vais voir ma voiture. Nickel, rien ne s’était passé.
Moi et mon compagnon décidons de rentrer, mais en se dirigeant vers mon immeuble, je vois le restaurateur et le coiffeur qui se trouve en bas de chez moi sur une esplanade. Nous discutons en disant que les jeunes faisaient n’importe quoi et un moment le coiffeur, mon compagnon et moi, nous nous dirigeons vers un petit balcon qui donne sur la route et on aperçoit des palettes en feu.
Le coiffeur dit qu’il va mettre de l’eau car il a peur que le feu se propage jusqu’à son salon (où il y a du bois autour). Je lui dis « Non attends, les pompier ont fait demi tour ». Il ne m’écoute pas.
Dans la rue il y avait une cinquantaine de policiers, dont 2 qui étaient à côté de nous. Mais il ne se passait rien ici, il n y avait que moi, Miguel et le coiffeur. Aucun risque.

Au moment où le coiffeur a le geste de mettre de l’eau sur le feu, je vois de la fumée blanche et je me retourne vers les 2 policiers. Celui qui était à notre droite, à 5m, se déplace en diagonale, se mets à 3m de nous, et me tire dessus.
En une fraction de seconde, je n’ai pas eu le temps de comprendre ce qu’il se passait. Car pour moi, je ne représentais aucune menace pour personne, ni n’ai fait aucun geste qui pourrait expliquer le tir du policier.

Ce que je voudrais dire à l’État, c’est d’arrêter avec ces armes : le flash ball, les grenades ou autres. Ne mettez pas ces armes dans les mains d’incapables qui ne sont pas formés pour.
Pensez aux conséquences pour les victimes après.
Mettez vous à notre place, nous les victimes. Nos vies ne seront jamais plus comme avant. Jamais je n’aurais pensé qu’un jour il me serait arrivé un truc pareil, l’année de mes 50 ans !
Comment voulez-vous que la France ne parte pas en couille ? Vous profitez d’avoir votre uniforme pour jouer aux cowboys. J’ai la haine contre ce policier, car il a détruit ma vie. Là, à l’approche des un an de la blessure, je fais des nuits blanches à penser toujours à lui. Il n y a pas un jour depuis l accident où je n’ai pas pensé a lui, nuit et jour.

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