On était à la préfecture, on manifestait pacifiquement, et sans raison, un CRS a envoyé quatre grenades de désencerclement. J’en ai reçu une dans l’œil droit.
Je la vois à mes pieds, et après ça a fait comme un flash blanc. La douleur, je ne l’ai pas sentie, tellement j’ai eu mal. Ça anesthésie.
J’ai été hospitalisé pendant cinq jours. Je ne vois plus du côté droit, j’arrive même plus à me raser, à attraper des trucs. J’attrape à côté, derrière… Il y a tout ça et il y a aussi les pertes de mémoires. On vient de me dire quelque chose, je l’oublie. Et mon comportement aussi a changé. Je m’énerve pour un rien. Avant, ce n’était pas comme ça.
J’étais en train de passer le permis, c’est mort. Le travail, c’est mort. Du coup tu dois des sous, mais je n’ai plus de salaire et pas d’aide de Pôle Emploi. C’est tout un engrenage après.
Je veux que justice soit faite. Qu’il paye. Qu’il se rende compte de son erreur. Celui qui a fait ça, je pourrais être son fils et il s’en fout ! Eux ils tirent, ils s’en battent les couilles. Mais ça change une vie, vraiment.